Au delà de la frontière, la culture qui nous sépare.

À la frontière entre l’homme et le règne animal se dresse un mur invisible : celui de la culture. Règles, lois, doctrines et traditions façonnent nos vies, créant des habitus — ces habitudes si ancrées qu’elles semblent naturelles. Certaines sont explicites, comme la loi ; d’autres, plus diffuses, comme les normes culturelles.

Comme à chaque époque, la culture s’adapte à son contexte, modifie ses formes, engendre de nouvelles traditions ou transforme celles existantes.

Une naissance ordinaire dans un monde inconnu.

Né dans une famille chinoise et grandi au sein d’une communauté marquée par cette culture, j’ai vécu une enfance en décalage avec celle de mes camarades. Une autre langue, d’autres gestes, une autre logique. Et pourtant, c’est à l’école maternelle, sous l’égide du système français, que j’ai compris : ma culture n’était qu’une pièce d’un vaste puzzle.

Mais qu’est-ce qu’un élève ?

En Asie, l’élève est celui qui apprend — avec discipline, retenue, respect. L’autorité du professeur s’impose, non par la force, mais par une tradition de vénération. En France, l’élève questionne, débat, cherche à comprendre. Ces deux visions ne sont pas incompatibles ; elles incarnent deux facettes d’un même chemin : apprendre à être libre.

Certains y verront un carcan, un asservissement aux traditions. D’autres, comme moi, y verront une voie vers la vertu. La laïcité française, si subtile qu’elle s’immisce jusqu’au cœur de l’intime, trace une ligne fragile entre héritage et émancipation.

Arts martiaux et liberté

Dans un monde où l’on revendique toujours plus de liberté, les arts martiaux m’ont appris autre chose : la liberté se mérite. Par l’effort. Par la rigueur. Par la souffrance parfois. Ils m’ont montré que le corps, quand il obéit à l’esprit, devient un outil de dépassement.

Ce que j’observe, et qui me fascine, c’est que certains parviennent à réunir deux mondes — tradition et modernité, Orient et Occident — sans que l’un n’efface l’autre. Cela crée une harmonie. Une forme de beauté. Une éthique.

Vers le surhumain

Cette liberté, que Nietzsche appelle der Übermensch, ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais à vouloir ce que l’on fait. Elle exige le courage de se transformer. De se sacrifier parfois. Comme Katniss dans Hunger Games, ou Thanos dans Infinity War, le sacrifice n’est pas toujours noble ni compris — mais il révèle une vérité : la puissance naît du choix.

Ainsi, je m’efforce chaque jour d’être plus fort physiquement, plus discipliné mentalement, plus sage intérieurement. Non pas pour être au-dessus des autres, mais pour m’élever au-dessus de moi-même. Une transcendance née de la dualité. Une volonté forgée dans l’entre-deux des cultures. Un sacrifice consenti au nom de la liberté.